Affichage des articles dont le libellé est Rupture. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Rupture. Afficher tous les articles

30 nov. 2015

ET LA SUITE ?

Le tsunami des technologies numériques (4)
Tout s’accélère. Qui aurait pu croire, encore récemment, que les processus de fabrication pourraient être remis en cause par des objets ne coûtant que quelques milliers d’euros ? Pourtant, plus personne aujourd’hui ne se risque à anticiper jusqu’où iront les conséquences du développement des imprimantes 3D. 
Ne vous laissez pas tromper par leur nom : elles n’ont rien à voir avec les imprimantes que nous connaissons tous. Elles s’apparentent davantage à des machines-outils personnelles, capables de produire localement toutes sortes d’objets. Comment ? C’est de plus en plus facile : vous cherchez sur internet le plan qui correspond à l’objet dont vous avez besoin, vous versez un peu de poudre de plastique ou d’un autre matériau, ceci en fonction des caractéristiques visées, et un peu plus tard, l’objet est là.
Que peut-on d’ores et déjà faire avec ? Par exemple, une pièce introuvable pour réparer une machine en panne, des objets de décoration personnalisés, une prothèse, une arme, et même la construction d’une maison à partir de briques de base. Les limites sont sans cesse repoussées : amélioration des imprimantes 3D, utilisation de nouveaux matériaux, abaissement des coûts, accélération des procédés, etc.
Quelles sont les limites de cette révolution qui commence ? Impossible de les définir. Va-t-elle remettre en cause une grande partie des processus de production ? Peut-être. Certains disent déjà : certainement. 
Son développement se couple avec celui d’ateliers de production communautaires, les « Fablabs » (contraction de « Fabrication laboratory » ou « Laboratoire de fabrication ») : chacun pourra demain y produire la pièce dont il a besoin sans avoir à investir dans une machine sophistiquée dont il n’a pas l’usage permanent. Un autre exemple de l’économie de partage dans laquelle nous entrons : logiciels libres ouverts, covoiturage, échange d’appartements, financement participatif ou crowdfunding, etc. 
Et les grandes entreprises s‘y intéressent aussi. Témoin, les annonces que viennent de faire les constructeurs aéronautiques : de General Electric à Safran, en passant par Rolls Royce, Boeing ou Airbus, tous commencent à intégrer l’impression 3D dans leurs processus de production. 
Autre univers en plein bouleversement : la santé. Elle est le nouveau graal dans lequel investissent des entreprises comme Google, Apple ou Facebook : objets connectés qui permettent en temps réel tant d’optimiser l’exercice quotidien, que d’assurer le suivi de patients à risque ; recherche sur l’allongement de la durée de la vie ; homme augmenté qui fait fondre les frontières entre humanité et robotique. Certains vont jusqu’à prédire que soit l’homme sera augmenté, soit il sera dépassé par ses propres créations. Les Hal 9000 de l’Odyssée de l’espace, robots d’Isaac Asimov, ou plus récemment Real Humans de la série suédoise arrivent. Imaginez aussi les conséquences d’une durée de la vie allant jusqu’à cent cinquante ans : explosion de la population humaine, cohabitation de trois générations supplémentaires. Difficile alors de débattre d’une retraite à soixante ou soixante-cinq ans !
Le changement ne fait que commencer…

25 nov. 2015

LA RÉVOLUTION COMMENCE

Le tsunami des technologies numériques (3)
Voici quelques exemples tirés d’une liste qui ne cesse de s’allonger :
- Uber rapproche clients à la recherche d’une voiture et conducteurs disponibles. Créée en 2009, elle se diffuse dans tous les pays, révolutionnant l’offre de taxis. Elle devrait prochainement aussi acheminer les livraisons des courses effectuées en ligne.
- L’économie de partage se développe en rendant accessible des ressources disponibles et sous-exploitées. Ceci provoque une chute rapide et importante des coûts pour les clients. 
- La robotique conduit à une remise en cause profonde de l’emploi dans tous les domaines, tant industriels que de services. Si, dans un premier temps, ceci permet des relocalisations à cause de l’abaissement de la part de la valeur ajoutée consacrée au travail, l’impact à terme sur l’emploi devrait être massif dans tous les pays. 
- Le développement des cours diffusés en ligne, les MOOC, est une réalité qui transforme déjà l’éducation en Inde, en y permettant une diffusion rapide des connaissances. Plus largement, c’est tout le système éducatif mondial qui est en train de muter. Nous allons vers une hybridation entre des cours in situ et d’autres via Internet, une application du « click and mortar » à l’enseignement : avoir les élèves et les professeurs physiquement présents dans le même lieu, au même moment, ne sera plus toujours nécessaire.  Ou pour emprunter une métaphore, nous quittons le théâtre classique avec sa triple unité d’action, de temps, et de lieu, pour un nouveau paradigme abordant tous les sujets, tout au long de la vie et de façon collaborative entre des individus multilocalisés. 
- La capacité de mener des diagnostics à distance, couplée avec l’existence d’objets connectés assurant un monitoring continu des patients à risque, transforme la relation malade et médecin, ainsi que celle de la prévention, et demain probablement tout le système de santé.
- Le nombre des start-ups se focalisant sur le secteur bancaire croît très rapidement, donnant naissance à un ensemble dénommé « Fintech » qui s’attaque à tous les domaines du secteur : prêt, paiement en ligne, financement de projet, transactions boursières, placements… Rien ne leur échappe. A terme, la possibilité de faire des rapprochements complexes et instantanés entre une multitude d’acteurs pourrait même supprimer le recours systématique à la monnaie pour dénouer des transactions.
Pour ceux qui douteraient de l’accélération en cours, voilà quelques données simples :
- Lancé en 1981, en quatre ans, le PC (« Personal Computer ») d’IBM a atteint 100 millions d’utilisateurs. Lancé en 2001, dans le même laps de temps, l’iPod d’Apple en était à environ 500 millions.
- En dix-huit mois, les logiciels d’exploitation pour téléphones portables d’Apple (IOS) et Google (Android) ont atteint respectivement plus de 500 millions et un milliard d’utilisateurs, alors que, dans le même délai, le PC n’en était qu’à moins de 10 millions, l’iPod à 100 millions, et Facebook à 300 millions.
(à suivre)

23 nov. 2015

TOUT EST MAINTENANT EN PLACE

Le tsunami des technologies numériques (2)
Pour que tout puisse être bouleversé, il fallait la conjonction de plusieurs conditions maintenant réunies :
- Chacun, ou presque, a sur lui, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, un terminal connecté à haut débit, géolocalisé, et doté d’un écran de qualité,
- Le coût d’utilisation est bas,
- La puce du terminal certifie l’identité de son détenteur et permet des transactions financières,
- La génération Y qui a grandi avec Internet et sait intuitivement s’en servir, est montée en puissance,
- La masse des données peut être traitée dynamiquement pour en extraire des connaissances et des informations structurées.
Cette conjonction ouvre le champ à des innovations qui dynamitent les entreprises existantes.
C’est bien le propos de Steve Blank dans un dossier récent publié par Compass :
« With two billion broadband Internet users and billions of smartphones now entering circulation, the necessary tools and infrastructure are in place for the Information Age to burst into full bloom, moving beyond the confines of just the technology world to transform all aspects of society. » 
 « If the traditional Industrial Era approach to decreasing costs and the traditional approach to increasing revenue have both reached a point of diminishing returns, what then is the solution? The answer is disruptive innovation; achieved through the creation of new Information Era products and services. » (1)
(1) The Global Startup Ecosystem Ranking 2015, Steve Blank, Compass, Juillet 2015
(à suivre)

18 nov. 2015

RIEN N’A ENCORE COMMENCÉ OU PRESQUE

Le tsunami des technologies numériques (1)
Si, nageant de bonne heure, le 26 décembre 2004, dans la baie de Phuket, vous trouvez que la mer pourrait être plus calme, vous feriez bien de ne pas trop vous plaindre, car le clapotis actuel n’est rien à côté de la vague qui bientôt balayera tout : oui, il ne sert à rien de s’inquiéter pour quelques ondulations, quand un tsunami arrive. 
Face aux conséquences des vannes ouvertes de la mondialisation, les politiques enchaînent plans de relance sur plans de réduction des déficits publics. Mais sans réels succès. En eux-mêmes, ils pestent contre leur inefficacité, mais bientôt ils auront l’occasion d’avoir une vraie peur, car les perturbations actuelles ne sont rien à côté du tsunami technologique en train d’arriver.
Cette comparaison entre ce qui s’est passé sur la plage de Phuket ce lendemain de Noël 2004 et notre situation actuelle est violente, mais elle est à la hauteur de la puissance de ce qui va déferler : rien n’a commencé, et l’impact de la transformation induite par les technologies numériques n’a pas eu lieu.
Pourquoi donc ? Parce que, pour que tout puisse être bouleversé, il fallait la conjonction de plusieurs conditions maintenant réunies…
(à suivre)

17 nov. 2014

UN LIVRE RARE SUR LE MANAGEMENT

Reinventing organizations (1)
Rares sont les livres de management qui apportent à la fois un regard neuf, global, s’appuyant sur des faits et une mise en perspective historique de leurs propos.
Le plus souvent, on n’a droit qu’à l’un des trois : 
- Des livres mettent l’accent sur une rupture, mais sans être capables de la resituer ni dans une perspective d’ensemble, ni dans une logique factuelle et historique. On se trouve alors face à une « anecdote », qui peut être certes intéressante, mais dont la pertinence et la portée sont d’abord affaires de dogme.
- D’autres sont globaux et systémiques, et, s’ils peuvent être une clé de lecture enrichissante, ils n’apportent pas de solutions nouvelles. Plus leurs propos sont documentés, plus l’analyse sera utile pour comprendre le présent. Mais ils restent pauvres pour penser au futur.
- Enfin  ceux qui ne font qu’accumuler des faits et des expériences historiques, laissent aux lecteurs le travail de la réflexion. Ce sont des bases documentaires pertinentes, mais l’essentiel du travail reste à faire.
Le livre de Frédéric Laloux, « Reinventing organizations », appartient à cette race rare qui allie les trois. On peut aussi écouter sa conférence faite en français
Déjà une première raison pour en faire un compte-rendu long sur mon blog.
Un autre intérêt de ce livre est que, même s’il s’adresse d’abord aux entreprises et à ceux qui les dirigent, il est aussi une aide précieuse pour tous ceux qui s’intéressent à la politique et aux modes de pilotage des structures publiques. Un État n’est en effet jamais qu’une collectivité humaine plus large et plus complexe.
Comme c’est une de mes préoccupations majeures est de réfléchir à comment refonder la France et faire émerger un nouveau mode de pilotage des politiques publiques, c’est une deuxième raison pour chroniquer ici ce livre. Je vais donc émailler ma chronique de réflexions et interrogations personnelles qui me viennent en écho.
(à suivre)