6 oct. 2014

DES SYSTÈMES COLLECTIFS À REBÂTIR

Big Data II (5)
Dans sa nouvelle « Funes ou la mémoire », Jorge Luis Borges montrait que, sans la capacité d’oublier, la vie devenait impossible.
« En effet, non seulement Funes se rappelait chaque feuille de chaque arbre de chaque bois, mais chacune des fois qu'il l'avait vue ou imaginée. (…) Non seulement il lui était difficile de comprendre que le symbole générique chien embrassât tant d'individus dissemblables et de formes diverses; cela le gênait que le chien de trois heures quatorze (vu de profil) eût le même nom que le chien de trois heures un quart (vu de face). (…) Il avait appris sans effort l'anglais, le français, le portugais, le latin. Je soupçonne cependant qu'il n'était pas très capable de penser. Penser c'est oublier des différences, c'est généraliser, abstraire. Dans le monde surchargé de Funes il n'y avait que des détails, presque immédiats. »
Avec le Big Data, nous risquons de perdre le droit à l’oubli. C’est déjà en débat avec Facebook et Google. Mais quand demain, les lieux où seront archivés tous nos actes seront multiples, comme le garantir ?
Un sujet de plus pour les comités éthiques…
Faut-il au nom de tout cela enrayer l’avènement du Big Data ?
Certainement pas ! Mais comme la mondialisation des activités économiques a mis à mal nos organisations politiques, le Big Data va mettre à mal nos systèmes éthiques et de protection individuelle.
Il devient donc urgent de bâtir des réponses à ces deux défis qui vont aller de plus en plus de pair !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le big data va-t-il mettre à mal nos systèmes éthiques ? Cela dépend de ce qu'on entend par éthique. Faisons confiance aux "spécialistes" de l'éthique pour en construire une sur mesure, qui compose avec la volonté de profit financier des apôtres du big (fat ?) data.
Le big data, comme le cyber d'ailleurs, pose les questions auxquelles on ne répond plus car on les pense résolues.
Et à ce sujet, une des questions fondamentales est "sur quoi basons-nous l'éthique ?"
"Habituellement, on regarde l’éthique avec un certain mépris narquois. On la considère contreproductive, trop humaine, parce qu’elle relativise l’argent et le pouvoir. On la perçoit comme une menace, puisqu’elle condamne la manipulation et la dégradation de la personne." Pape François.