25 oct. 2013

DÉCALAGES

Rencontres indiennes (5)
Pris dans la chaleur étouffante du désert de Jaisalmer, je suis à la recherche d’un endroit pour me rafraichir et m’asseoir un moment.
Mon regard se promène alentour, et est soudain arrêté par une proposition surprenante : comment imaginer trouver ici un restaurant OM ?
Est-ce la création d’un supporter nostalgique et perdu aux fins fonds du Rajasthan ? Dois-je m’attendre à voir surgir quelques footballeurs, et rebondir un ballon ?
Ou cet « Om » n’est-il que le rappel du son lancinant souvent répété dans les prières des Yogi ?
A tout prendre, je préfère en rester à l’idée d’un Marseillais, d’origine ou de cœur, perché parmi les pierres de Jaisalmer…
Le site de Hampi est une succession sans cesse renouvelée de colonnes, de frontons, d’escaliers taillés dans la roche, de superpositions aléatoires de rocs, de sentes cheminant sans but…
Tout y est nature, brut, intact… sauf de temps en temps, paradoxalement, des citernes tatouées « world heritage site ».
Est-ce pour montrer la maladresse de nos interventions, et notre incapacité à ne pas dénaturer ce que l’on touche ?
Comme l’a écrit Michel Serres, les hommes « marquent et salissent, en les conchiant, les objets qui leur appartiennent pour qu’ils le deviennent ». Et cela même quand nous intervenons pour protéger et entretenir…
Avant de l’avoir constaté dans un champ à Udaipur, je n’aurais jamais pensé que deux oiseaux de taille modeste puissent être les gardes du corps d’une vache sacrée.
Pourtant la pose est claire, et la photo en témoigne : de part et d’autre de leur maîtresse, l’œil aux aguets, ils surveillent, prêts à intervenir.
Elle, du coup, broute paisiblement, l’esprit au repos.
Belle et sereine complémentarité.
(Ces trois photos ont été prises à Jaisalmer, Hampi, et Udaipur)

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