26 oct. 2012

UN DEUIL IMPOSSIBLE

Comment abandonner ce qui m'est nécessaire ?
Dans le creux d'une nuit, dans la torpeur d'un demi-sommeil, dans un moment d'entre-deux, des mots me sont venus...
Je ne peux pas faire le deuil de toi
Dans le vide du noir, dois-je faire le deuil de toi ?
Dois-je abandonner la chaleur de ta peau à la froideur de ma vie ?
Dois-je laisser ton sourire et tes yeux se poser sur un autre que moi ?
Tu étais encore ce soir, assis juste là,
Ma main pouvait se perdre dans la douceur de tes cheveux,
Mon cœur pouvait battre en écho du tien.

Dois-je donc me contenter de ces rares moments,
Où tu ne m’es que juxtaposé ?
Dois-je accepter que ce ne seront pas mes bras,
Qui t’enserreront la nuit, cette nuit et toutes les autres ?
Dois-je me résigner à reprendre ma course,
Pour trouver quelqu’un qui ne sera pas toi ?
Mais comment pourrais-je ne pas me battre,
Alors que je sais que tu es celui qui me manque ?
Mais comment courir sur des rives nouvelles,
Alors que mes jambes ne savent pas me porter ailleurs ?

J’ai cherché les mots pour te faire le quitter,
J’ai creusé un lit pour que tu viennes t’y coucher,
J’ai inventé des images pour te donner envie de t’y perdre,
J’ai été présent tous ces jours malgré tous tes refus.
Tu es ces ailes que je sais pouvoir me faire voler,
Tu es ces épaules qui pourront me porter,
Tu es ces doigts dans lesquels je peux me plier,
Tu es cette peau où je ne veux plus pleurer.
Laisse-moi être celui avec qui tu vas avancer,
Fais le choix de ne pas me faire souffrir,
Apporte la douleur à celui que tu vas quitter,
Rejoins mon cœur qui bat déjà pour toi.

Je peux marcher dans ma vie sans ailes,
Car jamais je n’ai pensé voler.
Je peux parler demain sans certitude,
Car jamais je n’ai su le futur.
Je peux rire des coups que je reçois,
Car ce ne sont que des accidents.
Mais je ne veux plus vivre sans toi,
Car je t’attends depuis trop longtemps,
Car ensemble nous avons déjà été,
Car tu me montres que tu m’aimes encore.

Alors, jetant au loin le vide et le noir,
Non, je ne fais pas le deuil de toi,
Ni ne suicide ce qui a commencé,
Ni ne tue ce qui tu n’as pas oublié,
Ni ne laisse notre amour avorter par le choix d’un autre.
Oui, je suis devant cette porte que tu vas pousser.

2 commentaires:

Eliane Jacquot a dit…

J'ai été très émue par votre poème.
Je laisse la parole à Lamartine, qui exprime les mêmes émotions que les vôtres au travers de l'une des plus belles pages de la poésie Française,

LE LAC:

...Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !...

Bien à vous,

Robert Branche a dit…

Merci ! Je n'aurais jamais osé associer mes mots à ceux de Lamartine...