25 mai 2012

"COMMENT AIMER UN PAYS QUI REFUSE DE NOUS RESPECTER"

Il est urgent que nous fassions face à la réalité de notre histoire
Kery James est un artiste malheureusement constamment absent des radios et des télévisions nationales. Ce chanteur dresse tout au long de ses différents disques, un portrait dur et râpeux de la réalité des banlieues, se faisant toujours l’apôtre de la non-violence et de la prise en main par chacun de son avenir.
Dans son dernier disque, 92.2012, il semble pris d’un pessimisme croissant face à la réalité française et à la montée des intolérances. Sa chanson, « Lettre à la République », sonne avec violence et se termine par cette phrase terrible : « Je ne suis pas en manque d'affection, comprend que je n'attends plus qu'elle m'aime ». J’espère qu’il est encore temps pour lui redonner espoir…
Voici ci-dessous des extraits du texte de cette chanson, ainsi que la vidéo associée.
Est-il besoin d’ajouter que je conseille vivement l’achat et l’écoute de tous ces disques…
Lettre à la République 
A tous ces racistes, à la tolérance hypocrite
Qui ont bâti leur nation sur le sang
Maintenant s'érigent en donneurs de leçons
Pilleurs de richesses, tueurs d'africains,
Colonisateurs, tortionnaires d'algériens
Ce passé colonial, c'est le vôtre
C'est vous qui avez choisi de lier votre histoire à la nôtre
Maintenant vous devez assumer
L'odeur du sang vous poursuit, même si vous vous parfumez
Nous les arabes et les noirs, On n'est pas là par hasard
Toute arrivée à son départ.
(…)
Les immigrés ce n'est que la main d'œuvre bon marché
Gardez pour vous votre illusion républicaine
De la douce France bafouée par l'immigration africaine
Demandez aux tirailleurs sénégalais et aux harkis
Qui a profité de qui ?
La République n'est innocente que dans vos songes
Et vous n'avez les mains blanches que dans vos mensonges
(…)
On ne s'intègre pas dans le rejet
On ne s'intègre pas dans des ghettos français
Parqués entre immigrés, faut être sensé
Comment pointer du doigt le repli communautaire
Que vous avez initié depuis les bidonvilles de Nanterre ?
(…)
Et plus j'observe l'histoire, moins je me sens redevable
Je sais ce que c'est d'être noir depuis l'époque du cartable
Bien que je ne sois pas ingrat, je n'ai pas envie de vous dire merci
Parce qu'au fond, ce que j'ai, ici, je l'ai conquis,
(…)
Au cœur des débats, des débats sans cœur
Toujours les mêmes qu'on pointe du doigt dans votre France des rancœurs 
En pleine crise économique, il faut un coupable
Et c'est en direction des musulmans que tous vos coups partent
(…)
Vous nous traitez comme des moins que rien, sur vos chaînes publiques
Et vous attendez de nous qu'on s'écrie « Vive la République »
Mon respect se fait violer au pays dit des Droits de l'homme
Difficile de se sentir français sans le syndrome de Stockholm
(…)
Que personne ne s'étonne si demain ça finit par péter
Comment aimer un pays qui refuse de nous respecter ?
Loin des artistes transparents, j'écris ce texte comme un miroir
Que la France se regarde si elle veut s'y voir
Elle verra s'envoler l'illusion qu'elle se fait d'elle-même
Je ne suis pas en manque d'affection, comprend que je n'attends plus qu'elle m'aime


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